Cet article est pour le moins aussi unique qu’insolite. Je vous propose de plonger non pas sur une épave de bateau mais sur une épave d’une pelle mécanique. Peut-être unique en France !
Le site
Cette plongée se trouve à Banyuls sur mer, juste à la sortie du port. Oui, vous voyez déjà la galère pour vous garer, porter votre matériel et que sais-je encore… Pas de panique, j’ai de bons conseils.
Profondeur moyenne: 8m
Profondeur maximum: 14m
Coordonnées GPS: 42° 28′ 51” N / 3° 08′ 21” E
D’abord, pour s’y rendre, tapez “Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer – Laboratoire Arago” sur votre GPS. Quand vous y serez, vous serez à 50 m de la mise à l’eau. L’astuce : été comme hiver est d’aller se garer au dessus du laboratoire. Pour ça, il faut suivre la route et se garer juste au dessus comme l’indique le plan ci-contre. Là juste derrière le parking, vous avez le départ du sentier du littoral qui vous amènera à la mise à l’eau. La descente est facile, il suffit de descendre quelques marches, la remontée sera plus douloureuse.
En bas, vous avez un passage à droite qui vous mènera jusqu’au point de départ.
Se mettre à l’eau sera très facile si la mer est calme, ce sera plus compliqué s’il y a de la houle.
La plongée (avec Olivier)
Cette plongée, peu profonde, ne présente aucun risque, le plus compliqué, c’est de trouver l’épave. Mais si vous suivez les explications ci-dessous vous y parviendrez sans peine.
Une fois dans l’eau, suivez le cap Nord-Est, perpendiculaire à la plage. La légende raconte qu’il y a un moteur avec son arbre de transmission et hélice dans la zone des 3 m d’eau. Je ne peux confirmer cette information, je ne l’ai jamais trouvé. Mais de nombreux livres en parlent. Encore un qui a décoré son salon…
Bref, gardez ce cap Nord-Est et palmez jusqu’à trouver la zone des 10 m d’eau, là vous devez apercevoir une grosse cuve métallique. Cette cuve est probablement une chaudière, vestige d’un ancien navire à vapeur inconnue échoué a l’entre du port de Banyuls. Vous ne pourrez pas la rater, elle fait 2,5 m de diamètre et 3,5 m de long. Ce point remarque est essentiel, vous devez le trouver pour valider votre orientation.
Une fois à la cuve prenez à droite (Cap 150°, presque Sud), vous allez vous retrouver face à un tombant. Pour le franchir, vous pouvez le remonter jusqu’à 6 m. Là, vous allez vous retrouver sur une zone d’éboulis avec des cailloux plutôt ronds. Continuez à palmer 50 m en suivant toujours la ligne de fond dès 8-9 mètres. Vous ne pouvez que tomber sur la pelle mécanique de Banyuls.
Si jamais vous ne la trouvez pas, ce que je pense impossible si vous avez lu cet article, vous pouvez remonter en surface en sécurité (parachute) et reprendre un point visuel. Cette pelle effectuait des travaux pour la station d’épuration de Banyuls, donc elle se trouve dans l’axe de cette station, encore visible, sur une profondeur de 8-9 m.
Pour le retour, c’est très simple. Faîtes demi-tour et reprenez exactement le même chemin. Palmez Nord-Ouest, jusqu’à la cuve puis Sud-Ouest pour retrouvez la plage.
A voir absolument
Cette plongée, pour le moins insolite, demande de s’attarder sur quelques éléments. On ne va pas se mentir, si on vient sur ce site c’est pour voir la pelle mécanique. Néanmoins, la cuve demande à ce qu’on s’arrête un bref instant.
La pelle mécanique
Cette épave insolite ravira tous les plongeurs. Même si dans le passé, elle devait être encore plus impressionnante avec son bras levée. En effet, depuis quelques années, le bras est tombé et gît posé au fond comme en atteste cette photo. Cependant, cette épave est très intéressante en raison du nombre de ses habitant. Autrefois, c’était un plongeur qui était assis dessus, aujourd’hui elle est devenue la maison des blennies. Un nombre assez exceptionnel de blennies pilicornes en a fait sa résidence et la défend avec vigueur. Ces animaux, très protecteurs, n’hésitent pas à nous faire face comme pour nous dire ne pas s’approcher de leur maison. C’est assez drôle de les voir faire.
Année 2019
@plongéeavecOlivier
Année 2009 (10 ans plus tôt)
Patrice Strazzera & Franck Gentili
Année 2019
@plongéeavecOlivier
La cuve et ses hôtes
La cuve, qui est sûrement une chaudière d’une navire à vapeur d’un autre temps, est intéressante car elle est très bien conservée. Ce que l’on voit en premier c’est le gros trou béant, on s’empresse de regarder à l’intérieur pour apercevoir parfois une mostelle, parfois un congre et parfois rien.
Mais j’attire votre attention sur les petits trous à gauche. Si vous êtes attentif chaque trou est habité par une espèce différente. On retrouve bien-sûr les blennies (roux et pilicorne) mais également plusieurs crevettes jaunes cavernicoles très intéressantes.
Je pense qu’il y en a une centaines donc de quoi passer quelques minutes à chercher chacun de ses hôtes.
Anecdote de plongeurs: Le saviez-vous?
Au fil des années cette pelle mécanique est en train de remonter. En effet c’est ce qui m’a été relaté par des plongeurs plus expérimentés qui se reconnaîtront. Lors des coups de mer (tempête), les vagues viendraient bouger ce géant de plusieurs tonnes, impressionnant. Moi j’aime à penser que la nature, dans son élan de générosité nous rend ce qui nous appartient.
Un peu d’histoire
Depuis les années 80, son “naufrage” si j’ose dire, nous n’avons que très peu d’informations sur la présence de cette pelle mécanique à Banyuls. Par contre, beaucoup de rumeurs. En voici quelques unes :
– La pelle aurait rompu ses amarres sur la barge qui la portait et serait tombée à l’eau.
– La pelle aurait servi pour les travaux de la digue du port de Banyuls et, en fin de travaux, vu son mauvais état, elle aurait été abandonnée là.
– Une troisième version dit que c’est une pelle “sous-marine”(toute la partie moteur + hydraulique est sur une barge, la pelle volontairement immergée est manipulée par un plongeur pro sous l’eau).
Son propriétaire se serait tué en voiture et la pelle serait restée là.
La vraie version est donnée par Patrice Strazzera, auteur de plusieurs livres de plongées, qui a eu la chance d’interviewer un scaphandrier professionnel qui a participé aux travaux effectués par cette pelle: Jean Pierron.
<< La dernière version est la plus crédible car elle expliquerait sa posture (bien-sûr ses chenilles, godet posé) et le fait qu’elle soit dépourvue de moteur. Je me permets de relater la vraie histoire de la pelle de Banyuls, car j’ai participé comme scaphandrier aux travaux sous marins qui ont utilisé cette pelle. En effet, elle avait bien son moteur et sa centrale hydraulique sur une barge qui était remorquée par la pelle elle-même.
http://www.fgentili.net/pelle_meca.htm
Elle est partie de la plage de Banyuls par ses propres moyens pilotée par un scaphandrier et a servi à creuser une tranchée pour l’enfouissement du départ de l’émissaire des égouts de Banyuls. Le bras de la pelle a été endommagé lors de l’explosion d’une charge de “gélatine-gomme” placée un peu trop prés de la pelle (ou la pelle trop prés de la charge, au choix). Les travaux finis (suite à la faillite de la société de travaux sous-marins) le matériel est resté sur place. Il y avait aussi un remorqueur qui a fini de couler dans le port de Banyuls.
La pelle sombra dans l’oubli et personne ne plongea à cet endroit. Je ne me souviens plus des dates mais cela remonte au moins à 25 ans (date exacte 1983). Lors d’une plongée avec Patrice Strazzera, je lui indiquais cette pelle à tout hasard et il en fit quelques photos. Voilà, si ces indications peuvent servir j’en serais ravi.
Amicalement, Jean de la catalane.>>
[25/04/2009]
Images de la pelle en action. Clichés amicalement fournis par B. Cazenave à Franck Gentili qui m’a autorisé à reposter ces photos “rares et précieuses” et que je remercie sincèrement.