Dans cet article je vous parle d’un épave magnifique par la vie quelle accueille, une vie des profondeurs. Ce qui fait son charme et toute sa richesse c’est que très peu de plongeurs peuvent la visiter du fait de sa profondeur. Cette semaine, j’ai eu la chance de plonger à plusieurs reprises dessus. Suivez-moi pour une plongée avec Olivier!
Photo du José Illueca extraite du livre de Francois BRUN (Le Roussillon sous-marin)
L’épave
Cette épave est probablement la plus profonde de nos côtes catalanes. Elle est située juste en face du centre de réadaptation de Cerbère à 2 miles de la plage. Points GPS (42°28°122N et 03°11°653E).
Ce petit bateau de 47 m est caractéristique par sa forme arrondie à l’avant comme à l’arrière. Il présentait deux niveaux lors de sa fabrication mais aujourd’hui seul un niveau et le pont sont visibles. Cependant, le José Illueca reste très bien conservé. Peut être à cause de la multitude d’huitres qui couvre intégralement la coque du bateau.
Les plongées sur le José Illueca sont courtes, seulement 25 à 30 min au fond pour 1h à 1h30 de palier. Je vous laisse choisir ce que vous voulez voir ou faire dessus. A chacun de prévoir son parcours …
Ci dessous voici quelques propositions de choses à voir (absolument).
A voir absolument
Avant de commencer cet article, je précise que toutes les photos sont de moi et à mes yeux de qualité médiocre. Mon appareil ne va qu’à 60m de profondeur et à 70m, je n’ai plus accès aux boutons (plus de zoom, ni de réglages). Les prises de vues sont juste des photos.
Je fais avec, en attendant un matériel plus performant…
Sur le José Illueca tout le monde y trouve son compte :
– Les amoureux des épaves y vont pour visiter l’épave très bien conservée.
– Les têtes brulées y vont pour l’extase de la profondeur, la tête dans le sable vous trouverez 80 m.
Moi je préfère vous parler de la vie qui s’est développée dessus. Très peu fréquenté, c’est un régal pour beaucoup d’espèces marines qui vivent en profondeur.
Des langoustes partout
Je vais de suite poser le tableau : je n’en ai jamais vues autant!
Partout ou on pose les yeux on en voit.
Les congres de très belles tailles et peu craintifs:
Les cheminées et les mats qui sont tombés sur le pont sont excellemment abri pour les congres. Dès que vous apercevez une bout de tube couché, soyez sûrs qu’il est habité.
Les gorgones roses-saumons
C’est gorgones roses (Eunicella verrucosas) sont très rares en méditerranée. Cette épave profonde a l’air de fournir un habitat très propice à leur développement, il y en a partout sur le pont et autour des cales.
Des oursins melons
Vous pourrez observer aussi des oursins melon (Echinus melo) qui est le plus gros oursin de méditerranée : entre 12 à 18 cm de diamètre. Il vit généralement après 30 m. Mais dans la région, on en voit jamais avant 60 m, peut être trop apprécié des pécheurs et braconnier.
Il fut un temps, on les recherchait pour faire des abat-jours de lampe (de très mauvais goût si je peux me permettre). Sur le José Illueca j’en ai compté pas loin de 6.
Des nudibranches qui s’épanouissent dans l’obscurité
Pour moi c’était difficile à croire. Les nudibranches affectionnent la lumière et la nourriture dont elles se nourrissent a besoin de lumière. Autant vous dire qu’à 70 m, la luminosité est rare et pourtant j’ai pu observer pas moins de quatre espèces de nudibranches. Toutes en grand nombre … Très étonnant!
Et pour finir des tas de filets très colonisés
Ce qui fait son charme et la fois le danger de cette épave c’est qu’elle est couverte de filets. Dangereux, voire mortels pour nous, certains sont perdus là depuis de nombreuses années et colonisés par des alcyons diverses. De vrais murs colorés aussi jolis qu’effrayants.
Un peu d’histoire…
En 1944, il est vital pour l’industrie allemande de pouvoir s’approvisionner en pyrite de
fer, importée d’Espagne par voie maritime ou par chemin de fer. Le 19 avril 1944, alors qu’il
transporte de précieux minerai pour le compte des Allemands (certaines sources font plutôt
état d’une cargaison d’oranges), le ‘Jose Illueca’ est attaqué, en face du port de Cerbère, par un groupe de huit avions alliés. Touché par l’arrière, le bateau a le temps de parcourir quelques centaines de mètres avant de disparaître sous les flots, s’enfonçant par l’arrière. Cette attaque
causera la mort de deux membres d’équipage, dont le capitaine, et on comptera 23 blessés. Fort heureusement, la mer est calme, et les bateaux de pêche de Cerbère peuvent porter secours aux survivants : treize seront récupérés par la vedette de sauvetage de Port-Vendres, et quatorze autres seront débarqués à Cerbère. «Un des rescapés avait le ventre ouvert par un
éclat de torpilles, un autre paraissait sans vie», explique Jean Tubert, témoin du naufrage.
Récit de l’aviation:
Le 19 avril, décollage du terrain d’aviation d’Alghero, en Sardaigne, pour une mission de surveillance en Méditerranée, d’une formation de huit Beaufighter. Un bateau de 600 tonnes est repéré au nord de la frontière franco-espagnole par 4230N/0309E, à 3 kilomètres au nord-est de Banyuls sur Mer. Il est attaqué par tous les appareils de la formation en quatre passages. De nombreux tirs sont observés sur le pont et en dessous de la ligne de flottaison du navire, qui n’a pas riposté. Quand les appareils ont quitté la zone d’attaque, le bateau donnait de la bande à tribord. Les appareils de la formation sont au retour au terrain d’Alghero entre 19h 10 et 19h 15.
Les opérations maritimes et aériennes dans le Golfe du Lion en 1943/44.
Vous l’aurez compris en quelques plongées, je suis tombé amoureux de cette épave et de la vie qui se développe dessus.
Je me languis déjà de la revoir …
Si cet article vous a passionné et que vous avez le niveau nécessaire pour découvrir cette épave, actuellement un seul club plonge régulièrement dessus c’est le club technique